Pour gagner Avrainville depuis Charmes, il faut quitter la route de Mirecourt à hauteur de Savigny et emprunter, à droite, la départementale 33. Avrainville est le premier village en direction de Sion. Il s’allonge de part et d’autre du ruisseau le Saint-Romaric, qui le traverse dans toute sa longueur pour se jeter dans le Colon, affluent du Madon, au lieu dit « Le Moulin de la Rose »La présence de ce ruisseau au milieu du village fait que ponceaux et abreuvoirs jalonnent les rues.
Le Saint-Romaric a une histoire. Réduit aujourd’hui à un filet d’eau, son débit suffisait autrefois à alimenter en eau tout le village ; sa source se situe au delà des dernières maisons ; pour la découvrir il suffit de remonter la rue principale et de gagner la campagne, une campagne superbe, doucement vallonnée, ou alternent bois et champs sillonnés de chemins creusés d’ornières fréquentés surtout par les troupeaux et parfois les tracteurs…
A une centaine de mètres, un sentier à peine tracé sur la droite, conduit à la source. Le site est curieux et beau. Au creux d’un ravin dont les parois sont de terre et de roches stratifiées le ruisseau serpente sur un lit de pierres plates. Sur le versant opposé une haute croix s’élève et se détache grise dans le vert des feuillages, comme un signal, une invitation à s’arrêter. Il le faut d’ailleurs pour lire l’inscription gravée sur la face : « Cette croix a été érigée en ce lieu le 1er avril 1901 pour y perpétuer le souvenir de St Romaric et y conserver la tradition de son passage en l’an 600 ».
Cette tradition d’ailleurs rapporte qu’on attribuait à la source, et par conséquent à Saint-Romaric, prince austrasien converti au catholicisme, des propriétés thérapeutiques notamment la guérison des maux d’yeux et de certaines maladies infantiles… Il y avait tout un rituel qui consistait à jeter dans l’eau un vêtement appartenant au petit malade ; s’il flottait la guérison était certaine, s’il s’enfonçait il fallait craindre l’issue fatale. En cas d’issue heureuse la statue de saint-Romaric(qu’on peut voir dans la petite église) recevait alors des prières et les dons de la famille reconnaissante ! l’histoire d’Avrainville est ancienne ; on trouve la trace de ce village au Xè siècle sous le nom de « Ebrineville » En 1511, il devient Avrainville,en 1745 Avranville et en 1779 (suivant Durival) Avrainville sur Colon.
Le village, autrefois, possédait de vastes superficies plantées de vignes, lesquels avaient noms : Haut d’Autel, Grand Champs, Grandes Basses, et donnaient un excellent vin. L’épidémie de phylloxéra a eu raison de cette production aujourd’hui disparue. La commune, depuis des lustres, est propriétaire de sept hectares de bois dans la foret de Charmes, dite « du Bois de Ban ». Ces hectares lui furent concédés dans le passé moyennant la rente d’une poule, plus tard l’imposition fut changée en contribution directe à payer au percepteur de Damas aux Bois. Ce bois faisait partie du territoire de cette commune. La commune a cessé d’en partager les affouages avec les habitants. Le revenu va à l’entretien des ponceaux et édifices publics. L’histoire d’Avrainville se rattache à celle du ban de Tantimont, son église étant une annexe de celle de Tantimont, desservie par le curé de cette paroisse, elle dépendait donc de la Grande Chancellerie du Chapitre de Remiremont. Un terrain proche du village dit « Le Pré des Dames » appartenait aux chanoinesses de Remiremont. Ce nom lui est resté. En 1433, Thiébaut VIII de Neufchâtel était propriétaire sur Avrainville, ce qui valut à notre localité d’être ravagée par Robert de Saarbruck, Lamoiscan de Commercy et par Robert de Baudricourt.
En 1569, le Duc Charles III accorda aux habitants soixante jours de bois dans la foret du Terne (entre Essegney et Portieux). Pour ce droit d’usage ils devaient une rente annuelle de trois gros et d’une poule par conduit. Les cabaretiers eux, payaient dis francs pour droit de taverne.
L’église, aux dimensions de chapelle et dédiée aujourd’hui à Notre Dame, fut bâtie au XVIIè siècle sur l’emplacement d’un édifice plus vaste. Dans l’allée centrale on peut voir une dalle funéraire portant le nom de dame Elisabeth et la date du 26 avril 1631. Sur le mur de l’autel de droite une pierre scellée couverte d’inscriptions latines suscite la curiosité et l’intérêt des érudits. Deux statues en bois du XVIIè siècle ornent l’autel central. L’une représente saint-Romaric, l’autre saint-Rémi, patron de la paroisse portant la sainte ampoule. Sous le porche à l’entrée un très beau pinacle gothique flamboyant supportant un bénitier. Les trois cloches du clocher sont encore actionnées à la main. A l’entrée du village, à droite, une fenêtre d’écurie à l’ornement de pierre mi-gothique mi-renaissance indique que la maison pourrait dater de 1520. Lorsque jadis, les habitants avaient à effectuer des réparations dans leur maison, ils allaient choisir les plus beaux moellons dans les ruines d’un vieux château proche de la localité. Dans le lieu dit « Grand Champ », on trouvait outre des ammonites, beaucoup de pierres de démolition, des tuiles plates et même à une faible profondeur, apparaissent d’anciennes fondations.
Une tradition ancienne veut que les Sarrazins se soient battus à Avrainville contre les Gaulois. Cette bataille aurait eu lieu au canton des forts (appelés ainsi parce que de ce coté se trouvaient les vainqueurs) le champ de bataille se situait aux lieux dits des Tailleurs, des Petits Tailleurs, devant Gugney et Sarrazins. Les infidèles débouchèrent dans le vallon venant de Hergugney ; ils furent battus par les Gaulois retranchés aux environ de Beaucamp.
En 1710 Avrainville comptait 23 habitants (conséquence de la peste), en 1803… 155 habitants, en 1847… 198 habitants, en 1905… 143 habitants, en 1977… 51 habitants, aujourd’hui… 106 habitants. Les habitants d’Avrainville s’appellent les Avrainvillois (es).
Et maintenant nous allons vous parler d’un « personnage » dont les habitants d’Avrainville sont fiers. Il s’agit de « l’oiseau »Celui qui, fidèlement avait choisi le trou de mur d’une vieille maison pour venir s’y reproduire. De la famille des oiseaux migrateurs, c’est le Huppé Fascié, au plumage roux taché de noir et blanc, d’une espèce rare. Chaque année en avril il arrivait et tout l’été il demeurait l’hote du village, puis en août, il reprenait son vol vers l’Afrique et chacun de souhaiter que l’avril prochain voie son retour, c’était comme un gage d’espérance et de foi en l’avenir. La maison fut recrépie et on ne l’a plus revue…durant plusieurs années mais elle a fait son retour maintenant !!!